Innovation Fiction - Chronique d'un étudiant en 2032

Chronique d'un étudiant en 2032

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Orientation, Education et Formation en 2032 

Octobre 2032.

7h : Comme tous les mardis depuis la rentrée, Brice se levait pour se rendre au CFA. Depuis septembre, c’est une nouvelle vie qui se présentait à lui. Il avait eu son bac trois ans plus tôt mais ça ne l’avait pas avancé à grand-chose. Il ne s’était jamais vraiment senti à sa place à l’école. Il n’était pas forcément mauvais, mais il ne faisait pas partie des meilleurs non plus. Il se laissait aller, tant que ça passait, il ne voyait pas l’intérêt de travailler plus. De toute façon, Brice savait qu’il ne ferait pas de grandes études. Ça ne l’intéressait pas. Le problème c’est qu’il ne savait pas vraiment ce qui l’intéressait. C’est peut-être pour ça qu’il avait continué l’école si longtemps, ça lui laissait le temps de réfléchir un peu plus à son avenir.

 

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C’était cet été que tout avait changé pour Brice. Il avait accompagné son petit frère à la semaine des métiers, organisée par son collège.

Après 3 ans au lycée, et autant d’année à enchainer petits boulots et chômage, il avait été frappé par la vitesse à laquelle le collège avait évolué. Plus rien à voir avec celui qu’il avait quitté quelques années plus tôt. Tout était connecté désormais, l’accès au collège se faisait par empreinte digitale, les salles étaient grandes et faites de murs de verre. Elles étaient remplies d’ordinateurs dernier cri, comme celui qu’il avait chez lui pour jouer, mais aussi de casques de réalité virtuelle et de réalité mixte.

« – Ils vous servent à quoi tous ces casques, et ces ordinateurs ? lança-t’il à son frère

  • On s’en sert pour plein de trucs ! On fait des expériences chimiques, on voyage dans le corps humain, on visite plein de lieux culturels, et on assiste à des scènes historiques ! C’est comme si on y était vraiment ! »

Brice ne répondit pas, il ne savait pas trop quoi en penser. C’est vrai que lui aussi il utilisait des casques VR au CFA, mais ils servaient pour apprendre des compétences concrètes, pas pour visiter le corps humain ou le musée du Louvre. Il était quand même un peu envieux. Lui aussi aurait aimé grandir dans ce collège. Ces salles de classe lui semblaient bien loin de celles qu’il avait connu, avec ces rangées de tables et leur tableau blanc. Peut-être qu’il aurait mieux étudié avec tout ça.

Mais ils n’étaient pas ici pour refaire le monde. Aujourd’hui, c’était le début de la semaine des métiers. C’est l’Education Nationale qui l’a mise en place quelques années plus tôt. En fin d’année tous les élèves se retrouvaient pour plusieurs ateliers.

 

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Les parents volontaires venaient pour raconter leur quotidien. Il arrivait même que certains d’entre eux proposent des stages de découverte aux plus motivés. Mais ce qui intéressait vraiment le frère de Brice, c’était cet espace dans lequel les élèves pouvaient découvrir des métiers en s’exerçant. C’était une grande salle divisée en plusieurs espaces. On pouvait lire « EDUCATION », « INDUSTRIE », « SCIENCES », « BÂTIMENT », « INFORMATIQUE », « SPORT » et une dizaine d’autres mots sur de grandes affiches. Chacune de ces affiches représentaient des secteurs d’activité. Dans chacun de ces espaces, plusieurs dispositifs étaient mis en place pour permettre la découverte et l’exploration de métiers qui composent ces secteurs.

 

Parmi ces dispositifs, l’un d’entre eux retint particulièrement son attention : « Venez expérimenter votre futur métier », pouvait-il lire sur une pancarte. Il prit son petit frère par la main et l’emmena devant cet atelier. Ils étaient dans le secteur « BÂTIMENT ». Deux sacs de ciments se chevauchaient, une brouette remplie de sable était dans le coin avec à ses pieds un casque jaune, qu’ils utilisent pour les chantiers. Ils avaient mis le paquet niveau déco.

Brice proposa à son frère d’essayer. Une vingtaine de métiers du bâtiment étaient disponibles à l’essai. Pendant plusieurs dizaines de minutes, il pu découvrir des métiers tels que maçon, peintre en bâtiment, électricien ou encore menuisier.

Alors que son frère s’initiait aux métiers du bâtiment, Brice, lui, se tenait un peu à l’écart, les yeux rivés sur la scène. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir un pincement au cœur en voyant l’enthousiasme de son frère, un contraste frappant avec sa propre expérience scolaire. Il se souvenait de son sentiment de désorientation, de ne pas savoir quel chemin prendre. Cette journée des métiers était une révélation pour lui, une porte ouverte sur des possibilités qu’il n’avait jamais envisagées.

Curieux, il s’approcha de l’atelier “Plaquiste” où une expérience en réalité virtuelle était proposée. C’était une première pour lui, de se plonger dans un environnement de travail aussi réaliste sans quitter le collège. Il enfila le casque VR et se retrouva instantanément sur un chantier virtuel, entouré de murs à plâtrer et des outils nécessaires.

Dans cet univers virtuel, Brice était guidé par une voix off qui lui expliquait les étapes à suivre. Il était aussi aidé d’instructions et d’aides visuelles qui le guidaient dans la bonne exécution de ses gestes. Il fut étonné par la précision des mouvements qu’il devait effectuer, manipulant les outils virtuels avec une aisance surprenante. Chaque action était accompagnée de commentaires instructifs, lui permettant de comprendre l’importance de chaque geste dans le processus de construction.

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Ce qui frappa Brice, c’était la sensation d’immersion totale. Il pouvait presque sentir le poids des plaques de plâtre, entendre l’écho des coups de marteau, et voir chaque détail du chantier comme s’il y était vraiment. Cette expérience en réalité virtuelle transformait sa perception du métier de plaquiste, le rendant tangible, accessible et, surtout, passionnant.

 

En enlevant le casque, Brice se sentit traversé par un sentiment nouveau. Ce n’était plus seulement une idée vague d’un métier, mais une véritable expérience qu’il venait de vivre. Il savait maintenant ce que cela faisait d’être un plaquiste, même dans un monde virtuel, et cette sensation le poussait à vouloir l’expérimenter dans la réalité.

Cette immersion avait ouvert une porte sur un avenir qu’il n’avait jamais envisagé, mais qu’il était maintenant déterminé à explorer.

Pendant les semaines qui suivirent, l’expérience mijota dans son esprit. Il se surprenait souvent à repenser aux sensations de l’atelier VR, à la manière dont il manipulait les outils virtuels, construisant des murs comme un véritable artisan. Cette expérience avait éveillé en lui un désir de création, un besoin de faire quelque chose de concret.

Après un temps de réflexion pendant lequel il approfondit ses recherches, Brice prit la décision de s’inscrire au Centre de Formation d’Apprentis de sa ville. Il était temps pour lui de commencer un nouveau chapitre de sa vie. C’est à la rentrée qu’il entama sa formation, prêt à plonger dans le monde du bâtiment.

Depuis quelques années le métavers était enfin devenu quelque chose de concret. Ce n’était plus la chimère qu’on lui avait vendu pendant des années. Il avait révolutionné la formation professionnelle. Brice découvrit que sa formation incluait un projet ambitieux : la construction d’une maison dans le métavers. Ce chantier virtuel était une collaboration entre apprentis de différents corps de métier. Maçons, électriciens, plombiers, et bien sûr plaquistes, travaillaient ensemble, chacun apportant son expertise pour faire évoluer le projet.

Brice se retrouva immergé dans cet univers numérique, interagissant avec d’autres apprentis, apprenant de leurs expériences et partageant la sienne. Le chantier évoluait au fil des mois, chaque contribution individuelle formant une partie d’un tout plus grand. C’était un environnement d’apprentissage dynamique et interactif, où les erreurs n’avaient pas de conséquences réelles, mais offraient des leçons précieuses.

Ce qu’il appréciait le plus dans cette formation, c’était la possibilité de voir immédiatement l’impact de son travail. Dans le métavers, il pouvait appliquer les compétences acquises en classe et en atelier pratique, les testant dans un environnement réaliste. Cela lui donnait un aperçu tangible de ce que serait sa vie professionnelle, et renforçait son choix de carrière.

Brice se plaisait dans ce nouveau métier. Le sentiment d’accomplissement qu’il ressentait en voyant les murs qu’il avait virtuellement plâtrés se tenir droit lui donnait l’assurance qu’il avait fait le bon choix. Cette formation n’était pas seulement une préparation pour un métier ; c’était une aventure, une découverte de soi et un pas vers l’avenir.